La famille Vault était une puissante famille des enfers. Élisa, elle, en était leur déception, une démone pas assez démone, pas assez féroce, pas assez cruelle, pas assez... Elle essayait tant bien que mal de plaire à son père, Ethan, et sa grande sœur, Tania, mais rien n'y faisait, elle restait cette brebis galeuse trop douce de la famille Vault. Heureusement, Tania, elle, était aussi cruelle, sensuelle et démoniaque qu'une démone puisse l'être, elle collait à merveille à l'image qu'attendait une famille de leur ampleur.
Malgré sa beauté, elle n'avait pas un franc succès chez les démons, son non penchant pour le mal faisant retomber sa popularité, elle eu quand même quelques amourettes sans grand sérieux . Le grand amour, elle n'y croyait pas vraiment... Et comment y croire quand vous savez que votre père, avide de pouvoir, prévoit de vous marier à un monstre de la pur espèce tel que Satan et espère, un jour, lui voler son trône.. une idée qui dégoûtait la demoiselle au plus haut point.
Elle trouvait le réconfort qu'une famille vous procure en la personne d' Ambroez, son beau frère, bien plus vieux il avait été présent pratiquement toute sa vie de démone, un ange déchu tombé follement amoureux de Tania. Il était l'être qu'elle respectait le plus en ce bas monde, il était bien plus que ce que sa sœur ne serait jamais, un ami, un frère.
Puis un jour, pendant une tentative de son père pour prendre le pouvoir, tout changea à jamais. Élisa n'était plus la déception Vault mais tout simplement la dernière Vault. Une tragédie qui restera graver au plus profond d'elle .Son père fut tuer par Ambroez dans une veine tentative pour sauver sa bien aimée, l'ange déchu brisé fut épargné et jeté en prison pour l'oubli. Elle se retrouva seule, et pendant un long moment se laissa soumettre par les autres démons de l'entourage de Satan, trop douce et trop emplie de tristesse pour réagir. C'est finalement la détresse du jeune Ambroez qui lui fit prendre de l'assurance et lui permit de planifier l'évasion de celui ci ainsi que d'autres démons. Ce dont elle ne se doutait pas c'est que la tristesse de l'ange serait tellement profonde qu'il partirait se réfugier dans les reflets. Elle passa donc beaucoup de son temps à le chercher, ne pouvant se résoudre à l'abandonner, et le reste du temps avec son groupe de résistant composé de démons et d'hybrides.

Le bar était pratiquement vide, juste deux ou trois clients, mais en plein après midi ça n'avait rien d'extraordinaire, étant principalement un bar à flic, la journée il n'y avait jamais grand monde. Élisa se tenait derrière le comptoir, elle essuyait des verres, totalement absorbée par ce geste répétitif, elle se perdit au plus profond de ses pensées ...
Sa nouvelle vie sur terre se résumait à deux choses. La première étant bien évidemment Ambroez, à qui elle avait difficilement pardonné sa faiblesse et son abandon .
Bon d'accord , Amb' était tout sauf faible, il lui avait prouvé à maintes reprises, mais il s'était laissé sombrer si facilement après la mort de Tania qu'elle avait eu du mal à accepter cette partie de lui. Une partie qui le montrait fragile, une partie qui la mettait en colère. Il était supposé être cet être fort, sur qui elle pourrait toujours s'appuyer. Qui serait toujours là pour elle. Elle était égoïste de lui en demander autant, elle s'en rendait compte mais elle ne pouvait pas changer cette vision parfaite qu'elle s'était faite de lui, lui qui avait su être là quand aucun autre membre de sa famille ne l'était.
Mais c'est surtout l'abandon qui fut le plus dur pour elle. Après l'avoir sortie de l'enfer, l'ange déchu s'était réfugié dans son monde des reflets, elle s'était une nouvelle fois donné corps et âme pour le retrouver, le sauver, et trouver un reflet n'était pas une mince affaire ! Il était finalement revenu à elle mais elle réalisait à quel point l'amour l'avait détruit, elle s'était promise de ne jamais connaître ça, elle ne ferait pas cette stupide erreur que lui avait faite, qui l'avait rendu si heureux, beau et passionné mais qui au final l'avait affaibli, rendu vulnérable et fragile, non jamais. Bien sûr, elle lui avait pardonné tout ça, on ne pouvait pas en vouloir longtemps à une tête d'ange pareille...mais surtout, Ambroez était tout ce qu'il lui restait et avait toujours été présent pour elle, c'était donc normal qu'elle soit là pour lui à son tour. Ça elle en avait bien conscience.
Puis elle avait son groupe de résistants. Au fur et à mesure de sa vie sur Terre elle avait rejoint une résistance contre Satan, composée principalement de démons et d'hybrides. Chacun avait sa propre motivation, son propre passé .
Pour Élisa c'était la vengeance, combler ce vide laissé par sa famille par un but tout simple, celui de voir le responsable payer le prix . Mais aussi, elle ne pouvait se résoudre, à abandonner Ambroez, il était totalement engagé dans cette guerre, bien résolu lui aussi à avoir sa vengeance, elle serait là, avec lui, jusqu'à la mort.
Elle était devenue le visage de ce groupe, bien malgré elle. Sa bienveillance et sa facilité à accéder à la confiance d'autrui aidait énormément à recruter de nouveaux membres. On lui faisait confiance, et les gens ne se doutaient jamais que c'était une démone. Élisa aimait cette idée, ne plus être une déception pour son entourage, mais juste être elle même, une personne aimée à sa juste valeur, jusqu'à présent seul Ambroez l'avait aimée comme ça. Elle était devenue une femme plus confiante mais toujours pas assez cruelle pour un démon. Elle avait pris du caractère certes mais ne tolérait toujours pas qu'on s'en prenne aux mortels, si Tania pouvait la voir elle rigolerait bien de la faiblesse de sa petite sœur. Comment se faisait-elle qu'elle s'épanouissait mieux ici, sur terre, dans cette vie, que dans ses deux vies précédentes en enfer à essayer d'être une démone à l'image de son père et de sa sœur ? Malgré le vide et la douleur de leur perte, Élisa ne pouvait pas s'empêcher de culpabiliser d'être enfin elle même et de se sentir bien dans sa peau maintenant qu'ils n'étaient plus là. Une culpabilité qu'elle n'avouerait certainement jamais à Ambroez...
Et Ambroez  d'ailleurs ? Depuis qu'elle avait 18 ans elle vivait avec lui et son ancien coéquipier, ils avaient même ouvert ce bar ensemble. Leur relation avait évolué en quelque chose de beaucoup plus ambigu, de beaucoup plus... physique. Un soir, ils avaient craqué, le désir et la tristesse trop présents, ils avaient eu besoin de leur chaleur mutuelle pour se réconforter, se rassurer, se sentir en vie. Dans ses bras elle se sentait en sécurité, une sécurité que personne d'autre ne pourrait jamais lui apporter. Ils étaient devenues bien plus proches, bien plus qu'un frère et une sœur, mais que devenaient-ils au juste ?
Elle l'aimait, ça c'est certain, mais pas de l'amour qu'on pourrait croire en les voyant, en les connaissant ou même comme celui que sa sœur avait éprouvé pour lui. Elle ne pouvait donner un nom à leur relation, tout ce qu'elle savait c'est qu'ils s'abandonnaient souvent dans les bras l'un de l'autre, la tragédie les ayant réunis cependant elle ne se permettrait pas de se perdre pour lui, après tout il l'avait déjà abandonnée, et il a bel et bien laissé une trace qui malgré son pardon n'était pas prête de s'effacer. Et puis, ils préféraient tous les deux une relation simple, sans jalousie, ils n'en avaient jamais vraiment discuté ensemble mais c'est comme ça qu'elle le ressentait, ils ne parlaient pas vraiment de tout ça, ça arrivait point.
Plus elle y réfléchissait et plus elle comprenait qu'elle avait terriblement besoin de cet homme, après tout elle l'avait sorti de ses prisons à deux reprises pour l'avoir près d'elle, et le fait qu'il soit toujours là, lui prouvait bien que lui aussi avait besoin d'elle. Ils ne pouvaient se passer l'un de l'autre, il vivaient quelque chose qui n'était pas définissable, cette relation leur faisait du bien, à son contact elle se montrait égoïste et profitait de lui, comme il profitait sans doute un peu d'elle mais c'était tout ce qui comptait pour l'instant.
C'est finalement la voix d'Amb' qui la fit sortir de sa rêverie.  « Si tu continues à t’acharner sur ce pauvre verre, il n'en restera plus grand chose !»