Pouvoirs personnels

CONVOCATION : Il y a dans l'esprit de Matheo des voix qui murmurent des choses qu'il ne comprend pas. Il perçoit cependant en partie leurs sentiments et elles semblent être pleinement conscientes de sa vie et de ses pensées. Elles prennent parfois forme dans ses rêves. Ces formes, il est capable de les convoquer dans notre monde. Une à la fois, qui, si elle est détruite, ne réapparaîtra pas avant un jour ou deux et empêchera également la convocation d'une autre créature durant ce même temps. Le nombre de ces créatures démoniaques est limitée à celle qu'il a déjà rencontré dans ses rêves. Elles sont trois pour le moment et susceptible d'être un peu plus nombreuse au fur et à mesure qu'il aura appris à maitriser ce pouvoir.

MÉTAMORPHOSE PARTIELLE : Le côté angélique de Matheo se traduit par la modification de portions plus ou moins importantes de son corps. Deux se sont révélées pour le moment : ses iris prennent une couleur bleu pâle pure chaque fois qu'il use de ses pouvoirs et sa main droite peut se changer en un court glaive serti de diamants magnifiques.

Répartition des points de puissance des pouvoirs :

• Convocation : 14
  
• Métamorphose Partielle : 5
  
• Vitesse : 6

Historique
*Le tuyau était chaud sur mon bras. Un petit tuyau dans lequel un liquide doré s’écoulait. Tout était flou. Un homme bridé se pencha sur moi, ou plutôt sur les instruments de mesure émettant des bips réguliers et lents. Il semblait suspicieux mais finit par grommeler et repartir, semblant finalement satisfait.
Des voix résonnaient de toute part, comme venues d’ailleurs ; des voix qui murmuraient autour de moi. Ça créait un brouhaha réconfortant. Et puis un homme entra dans la pièce. Il y avait un énorme chien noir à côté de lui. Un chien au pelage que l’on aurait pu dire « fait des brumes de l’enfer », ondulant sans vent, sans que l’on puisse distinguer le moindre de ces poils qui semblaient courts…
Sa tête était cachée par celui qui se disait son maître. Il faisait des grands gestes, le sourire aux lèvres. Des personnes en blouse blanche s’approchèrent, curieux et impressionnés.
Et puis entre deux hanches, ses yeux m’apparurent, luisant d’une blancheur fantomatique. Une voix couvrit peu à peu celle des autres ; sa voix, la voix du chien ! Il semblait inquiet…
Le brouillard autour diminuait lentement. Les yeux de la bête changeaient doucement. La voix s’énervait.
Il leva subitement la tête vers son maître qui sursauta et sembla paniquer petit à petit. Il avait raison. Le chien sauta à sa gorge et la panique commença à gagner les gens autour.

Le brouillard diminuait toujours. Les tuyaux ! Il fallait que je les enlève. Le bras gauche : plus de drogue ! Le bras droit : plus de sang à donner. Je voyais à peine la bête énorme sauter d’infirmier en infirmier. Et puis un homme se jeta sur moi et me força à me recoucher. Il hurla des choses que je ne comprenais pas, le cerveau trop ralentis. Une femme vint l’aider avec une seringue. Je me débattis mollement, sans grand résultats. Et puis la gueule du chien vint happer la tête masqué et couverte de sa charlotte de la jeune femme qui disparut violemment sans m’administrer son calmant, libérant mon bras. L’homme commença alors à m’étrangler, le regard fou. J’étais faible. Le brouillard revenait. Je cherchais son visage, portant mes mains sur sa figure.
Soudain la pression se relâcha et quelque chose de chaud coula sur mes yeux clos. Lorsque je les rouvris, le monde devint rouge et une lame d’opale traversait la gorge de mon agresseur. Cette lame, elle prolongeait mon bras. Des pierres précieuses scintillaient froidement et se recouvraient du sang chaud de ce médecin.
Je le faisais tomber à terre et arrachai les électrodes. Le brouillard n’était déjà presque plus là.

Une alarme retentissait maintenant et alors que je me redressais sur mon lit, un autre corps vint s’empaler sur mon bras. Lui aussi, je le jetai à terre. Il fallait que je parte. Le chien plaqua un dernier corps à terre et ils emmenèrent avec eux tout un tas de chose. Il y eut un grand éclair, un cri dans mes oreilles et un cri dans mon esprit.
Je fus projeté à terre.

Lorsque je me relevai, j’étais vêtu uniquement d’une chemise fendu dans le dos, seul au milieu des corps, un bras couvert de sang et l’esprit encore embrouillé. Des flammes léchaient un cadavre et le mur. Mais les voix étaient toujours là elles me murmuraient des encouragements je crois. Il y avait une porte à battant.
Je la franchis.*

Matheo se réveilla soudain. Le corps lourd, il se redressa doucement, regardant tout autour, son cerveau se remettant doucement en marche. Il y a encore quelques années, revivre ce genre de souvenirs confus l’aurait troublé. Aujourd’hui, ça le lassait de marbre. Cette nouvelle vie avait duré 46ans. Plus de trente ans s’étaient évanouis, et ce, grâce à une simple poche contenant un liquide transparent. Un liquide déversé régulièrement dans son bras pour le garder docile pendant qu’on le dépossédait de son sang et de ses pouvoirs. Il avait fait partie de la première vague de cobayes immortels. Beaucoup avaient péri dans les balbutiements du Réseau alors qu’il cherchait encore la meilleure méthode de faire des immortels de véritables petites usines à fric.
Il ne le savait que trop bien. Aujourd’hui encore, de temps en temps, il revoyait le regard mort de la fillette de quelques années à peine sur le lit à côté du sien. C’est ainsi qu’était morte sa mère : overdose forcée. Le plus grand préjudice du Réseau fait à Matheo d’après lui. Qu’ils le considèrent comme une vache laitière était une chose. Lui prendre le dernier parent qu’il lui restait, d’une manière aussi laide en plus, ça, il ne pouvait le leur pardonner.

Se levant doucement, il alla à la fenêtre. Les carreaux étaient encore en bon état. Un miracle dans ce quartier. Un miracle qui n’était certainement pas l’œuvre de dieu. L’hybride admira l’immense colonne ambrée au loin au-dessus des toits des maisons abandonnées ou en ruine. Il avait toujours connu cette ville. Il avait vu sa décadence s’accroitre en quelques vies à peine. Les humains étaient si bêtes !

Mais le monde était fou de toutes façons… Les démons avaient entretenu avec jouissance les prémices de la guerre, les anges lui avaient volé son père et ce trafic lui avait pris sa mère…
Choisir son camp avait été facile : il combattait le réseau depuis qu’il lui avait échappé. De manière plus ou moins assidus au début, mais il l’avait toujours détesté et traqué chaque fois que l’occasion s’était montrée.

Se retournant, il admira encore une fois le visage de la jeune fille allongée sur le lit. Ses traits lui semblaient toujours assis étrangement familier mais il était incapable de se rappeler où il les avaient vu. Les souvenirs de ses vies passées étaient très épars.

Doucement, il sortit de cette chambre un peu vieillotte mais intacte. D’ailleurs, Matheo s’arrêta un instant dans l’autre pièce. Le toit avait été arraché et des gravats s’amoncelaient aux pieds des murs à demi rasés. Il arpenta rapidement le petit sentier qu’il avait fini par créer à force de passer et rejoignit l’étage inférieur, plus habitable.
Là, il entreprit de se changer et de s’habiller plus chaudement en vue de sortir faire un tour. Ses bras et son torse nus lui apparurent, révélant de nombreux tatouages que l’on pourrait dire d’une autre vie. Pourtant, ils avaient encore un sens, quelques années auparavant. Ivre de rancœur et de violence, il n’avait pas manqué de sombrer dans le milieu des gangs. Le sang entaché par les années de drogue forcées mit du temps à se laver. Des humains profitèrent de sa colère et de sa dépendance pour l’utiliser comme homme de main. D’autres l’aidèrent à se sortir de son addiction… Mais ne resta que le dégoût de la race humaine.

Jetant un œil à la pièce vide, il renifla d’un air déçu. Il n’y a encore pas si longtemps, ils étaient trois à partager un autre squat. Mais l’affirmation du Réseau les avait forcés à partir en catastrophe, leur taudis se trouvant trop près de leurs infrastructures. Finalement, ils avaient été séparés et Matheo n’avait plus que cette jeune femme, là-haut, à protéger.

Protéger. C’était quelque chose qu’il ne pouvait s’empêcher de faire. Du moins de « vouloir faire ». Malgré son désir d’être seul et indépendant, il accumulait les dettes d’honneur à ses yeux. Faisant parti des prémices du programme qui aboutirait plus tard à la traite organisée des immortels, il avait une dette envers tous ceux qui subissaient le trafic du Réseau. Son expérience horrible le poussait pourtant à s’en vouloir. Affronter le Réseau n’était pas seulement une histoire de vengeance. C’était sa raison d’exister aussi, une manière de laver sa conscience et d’enfin retrouver la paix.